C’est une belle journée. J’allume la radio, ou plutôt mon index appuie sur l’application de France Inter. J’écoute le 7/9.30 avec Nicolas Demorand et Léa Salamé. J’apprends qu’Annie Ernaux a obtenu le prix Nobel de littérature. C’est une belle journée.
La Place, Passion simple, Les Années, Mémoire de fille: elles ne sont pas nombreuses les oeuvres que j’aie lues de la première auteure française à recevoir le Nobel, mais elles laissent une trace. Ces lectures me parlent en tant que femme, en tant qu’individu qui a eu de la chance de faire des études. Puis-je déjà me considérer comme un transfuge de classe? Je n’ai pas une réponse claire. Mais j’ai l’impression qu’Annie Ernaux est dans ma tête, quand elle écrit. Les événements qu’elle relate, les pensées qu’elle y associe me sont proches. Elle arrive à mettre des mots sur des sensations, des émotions, des réflexions encore à l’état de brouillon dans mon esprit. Annie est une voix, la voix qui me manque dans le tumulte de la vie.
J’écoute L’Heure bleue avec Laure Adler qui commence son émission par une citation d’Annie Ernaux:
» Samedi 17 novembre. Qu’est-ce que je cherche à faire? Comment je suis devenue écrivain? Pourquoi j’ai aimé ainsi? D’où cela vient, cette passion, ce luxe, ou ce qui a changé en moi et ce qui est resté pareil? »
Le 17 novembre est ma date d’anniversaire. Coïncidence? Hasard? Signe? Je me suis dit qu’Annie Ernaux me faisait un petit clin d’oeil: « Ose! Tu peux le faire aussi. Prends un stylo et raconte-toi! »
Je prends mon stylo, mon carnet de notes et ma place. Je laisse les mots venir, les attrape au vol, débutante et maladroite, et les dépose délicatement sur le papier.
C’est une belle journée. Annie Ernaux est prix Nobel. Le soleil brille.
A sa place
